Blog de développeur : Frères

Aujourd'hui, le site officiel a publié une nouvelle, cette fois sur les frères de la cinématique "sacrifice".

On a même droit à la description d'une partie de cette cinématique.  

Aujourd'hui, j'ai regardé mon visage brûler. La peau se fendait et flétrissait alors que le feu en consumait l'humidité. La chair calcinée fuyait la chaleur et se transformait en une masse noirâtre. Un œil bleu, identique au mien, me maintenait en place... me forçant à regarder. En l'espace d'un instant, ce visage était devenu celui d'un étranger. Et nous n'étions plus jumeaux.

Le souvenir me fit lever la main, la portant à ma joue. Je fus surpris par la douceur que rencontrèrent mes doigts. Je ressentais encore la poigne fantôme de mon frère agrippant mon bras. Je sentais les os sous sa peau tenter d'échapper à la douleur, en vain. Arcann s'était tordu de douleur pendant des heures avant que le sommeil ne lui accorde un peu de répit.

Mon lit restait vide. Les draps lisses et immaculés étaient tirés sur le matelas. Sans pour autant être exubérant, le lit semblait indécent. Son aspect simple mais élégant était une insulte à la guerre qui faisait rage à l'extérieur. Je pris le drap et le passai sur mes yeux, mon front et ma bouche, le tachant de sueur et de sable. La vue du tissu blanc souillé fit monter la bile dans ma gorge. J'en fis une boule que je jetai sur le matelas.

Mes quartiers, qui n'étaient qu'une tente améliorée, donnaient une fausse impression de sécurité. Ils masquaient le vent et les cris des blessés, mais je savais que les combats continuaient. Dark Atroxa ne se laisserait pas tuer si facilement. Ses combattants étaient loyaux et ambitieux, et surtout désireux de rester en vie. Mais elle finirait par tomber. Arcann s'en assurerait.

J'entendis les pas du Chevalier avant qu'elle ne frappe à ma porte.

"Entrez."

"Votre Altesse." Elle s'agenouilla en entrant et attendit qu'on s'adresse à elle. Une fastidieuse chorégraphie imposée par Père.

J'utilisai la Force pour tirer une chaise du coin de la pièce, et m'y assis. "Donnez-moi des nouvelles de mon frère."

"L'état du prince Arcann est stable." Son visage était caché par le casque traditionnel des Chevaliers de Zakel. Père renouvelait régulièrement nos gardes pour empêcher toute forme d'attachement. Les Chevaliers de Zakel étaient nos serviteurs, mais ils étaient ses partisans et ses sujets. Il était leur dieu, et nous n'étions qu'un prolongement de sa volonté.

"Il n'est pas réveillé."

Elle hésita. "Non, mon Prince."

Son malaise était agaçant. "Ce n'était pas une question. S'il s'était réveillé, je l'aurais senti."

"Je... Oui, Votre Altesse." Son regard se fixa au sol.

Il était facile de jouer avec les Chevaliers. Leur dévouement aveugle à Père en faisait des cibles impressionnables. Enfants, Arcann et moi échangions nos vêtements pour tromper les gardes. Mais j'étais trop vieux pour de telles farces. Je sentais la crasse sous son armure. Ce Chevalier s'était battu à nos côtés aujourd'hui, elle méritait donc mon respect.

"Pardonnez-moi", soupirai-je. "Je suis fatigué. Ce sera tout ?"

"L'Empereur immortel Valkorion, vainqueur d'Izax, demande un rapport." Elle énonça les titres dans un chuchotement presque inaudible. Comme si mon père pouvait l'abattre sur place si elle les proférait de façon trop audacieuse.

"Je lui parlerai seul. Merci." Je lui fis signe de partir.

"Comme il vous plaira, mon Prince", répondit-elle en sortant de la tente.

J'écoutai ses pas s'éloigner, puis j'activai mon holocom. La silhouette de Père emplit la pièce. Il se tenait droit, les mains derrière le dos. Je m'agenouillai.

"Ton rapport."

"Nos guérisseurs ont essayé de sauver le bras d'Arcann, sans succès. Une prothèse cybernétique lui a été posée sur le terrain. Quant aux brûlures sur son visage..."

"Ton rapport sur la planète, Thexan."

Je relevai la tête brusquement. "Père ?"

"Ton frère a fait son choix. Je lui avais demandé de rester sur Zakel. Il a payé le prix de sa désobéissance." Sa voix glaça l'atmosphère.

"Cette campagne, c'était sa vision", insistai-je. "Nous devions faire tomber les Mondes du Noyau ensemble. En votre nom."

"Sa vision est limitée. Peut-être que le fait d'avoir perdu un œil lui ouvrira l'esprit." Il n'y avait ni chaleur ni méchanceté dans sa voix. "Maintenant, ton rapport."

Mes muscles se raidirent. J'étais soulagé qu'Arcann ne soit pas réveillé. À chaque nouvelle discussion avec Père, il perdait patience un peu plus vite. J'avais beau lui expliquer que c'était sa façon de faire, qu'il nous poussait ainsi pour nous rendre plus forts, il devenait toujours plus difficile d'apaiser la colère d'Arcann.

Je m'éclaircis la voix et m'exécutai. "Les pertes dans notre camp sont acceptables. Dark Atroxa reste une menace, mais je suis certain qu'elle sera neutralisée. Sa chute signifiera notre victoire."

"Ne sous-estime pas les Sith", prévint-il. "Ils sont dépassés, certes, mais ils feront tout pour survivre. Et contrairement aux Jedi, ils ne sont pas entravés par de nobles idéaux ou une fausse moralité."

Sans attendre ma réponse, il se tourna et coupa la transmission.

Je soupirai. La fatigue me gagnait. Il y aurait une autre bataille demain.

La présence de mon frère attira mon attention. Je me dépêchai d'aller dans la tente attenante. Trois droïdes et deux guérisseurs étaient penchés au-dessus d'Arcann. Je tressaillis au son strident de la perceuse. Le poing d'Arcann se crispa sur les draps lorsqu'ils mirent en place le masque en duracier.

"C'est terminé, Votre Altesse."

Mon frère fixait le plafond. Le masque recouvrait plus de la moitié de son visage et enveloppait l'arrière de son crâne. Son apparence n'avait rien d'humain, il avait été conçu pour intimider, comme Arcann l'avait exigé. On apercevait encore des morceaux de peau brûlée, un indice du visage ravagé qui se trouvait sous le masque.

"Laissez-nous", ordonnai-je. Les droïdes et les guérisseurs s'inclinèrent, puis se hâtèrent de sortir.

Une fois seuls, Arcann se détendit. La partie découverte de son front se plissa de douleur lorsqu'il regarda le bras cybernétique. J'eus l'estomac retourné, alors que nous évaluions tous deux l'étendue des pertes du jour.

"Un homme peut avoir tout ce qu'il veut, s'il est prêt à faire des sacrifices." Les enseignements de notre Père étaient comme du poison sur la langue d'Arcann. La modulation de sa voix me semblait étrangère.

"Tu as déjà fait suffisamment de sacrifices", lui assurai-je.

"Non, Thexan." Son œil croisa le mien. "Ce n'est que le premier paiement. Il y en aura d'autres."

Le temps ralentit sa course, mais le monde continuait de tourner autour de nous alors que je sentais mon frère s'éloigner de moi. Sur Zakel, Arcann et moi pouvions discuter sans prononcer un mot. Nous nous déplacions en tandem, aussi fluides que l'eau, un seul esprit avec un même but. Mais il était différent, désormais. Je sentais la colère monter en lui. Une colère que je ne partageais pas.

Je pris sa main métallique. "Combien es-tu prêt à sacrifier ?"

"Tout", dit Arcann sans hésiter. "N'en feras-tu pas de même ?"

"Je me battrai pour toi, mon frère", promis-je. "Tes rêves sont les miens."

La pression de ses doigts froids et métalliques sur mon bras raviva en moi une flamme de l'espoir. On dit que le temps guérit toutes les blessures.

 De quoi encore plus faire monter l'impatience d'être au 20 octobre ! 

Source : http://www.swtor.com/fr/info/news/blog/20150728

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